L’art africain subsaharien de manière générale est resté très longtemps dans l’anonymat. Le XXe siècle s’impose comme le début de l’éclosion du génie artistique africain. Cette éclosion est l’œuvre des colonisateurs qui d’ailleurs sont les mêmes qui ont décidé de l’hibernation et de la cristallisation du génie artistique africain pendant toute la période de domination coloniale.


OUELEGA Bell Fanon

Depuis le XXe siècle, un nouveau regard est désormais porté sur la production artistique africaine. Sa singularité fascine et inspire ses spoliateurs d’hier. D’Apollinaire à Malraux, le génie artistique africain a particulièrement influencé les grands courants artistiques modernes. Sorti de l’oubli et des préjugés défavorables, développés par l’ethnologie et l’anthropologie, l’art africain de manière général porte témoignage de la civilisation africaine qui marque ainsi le temps et la particularité du continent noir.

Toutefois il faut signaler que bon nombre de ces productions artistiques africaines sont des objets renouvelables. Dans des sociétés africaines moins établies par exemples, les rivalités politiques et les migrations n’ont pas favorisé une production sur la durée. Les grandes productions telles que les constructions égyptiennes anciennes et zimbabwéens n’y existent pas. Il se pose donc ici un véritable problème de transmission des connaissances civilisationelles aux nouvelles générations. Au problème d’instabilité politique et sociale d’antan il faut ajouter celui lié aux intempéries qui continuent aujourd’hui de nuire à la pérennisation des productions artistiques africaines. Il faut aussi faire remarquer qu’il n’existe aucune véritable politique de conservation des productions artistiques au Cameroun. Chacun y va à sa manière et sans un accompagnement conséquent du gouvernement. Parmi de nombreux volontaires déterminés à sauver le génie artistique africain, se trouve MENKAM TCHIAGO III. Qui est donc cet homme et quelle est sa touche particulière dans ce domaine de la conservation et de pérennisation des productions culturelles et artistiques africaines ?         

Monsieur OUELEGA KAMGUE Bell Fanon dit Menkam Tchiago III est un digne fils camerounais de la région des Grassfields. Il occupe actuellement le poste de Directeur Actuariat et Rentabilité Technique dans le Groupe ACTIVA.

Bell est titulaire d’un Masters of Science in Statistics obtenu à The George Washington, University, Washington D.C USA, d’un Masters of Science in International Money, Finance and Investment, obtenu à Brunel University, Middlesex- Uxbridge et d’un Postgraduate Diploma in Actuarial Science obtenu à The City University of London, United Kingdom.

            Il jouit d’une quinzaine d’années d’expérience diversifiée dans les métiers de l’actuariat et des analyses statistiques, en compagnies d’assurance et dans le conseil, notamment à The PAK Global Study Manual Group, comme Assistant Actuary aux très prestigieuses Legal & General America et à Lincoln National Life Insurance Company, à Aviva USA (Managing Director), à Milliman Consulting (associate actuary), à AIG et la Banque Mondiale, à l’Université américaine du Caire (professeur assistant de mathématiques et de finance quantitative) et est passionné de sociologie et d’anthropologie.

Bell est également un Follow of the Society of Actuaries, ce qui fait de lui un des très rares détenteurs du titre d’actuaires délivré par la plus prestigieuse des organisations d’actuaires dans le monde. Evidemment, il est un membre of the American academy of actuaries et un certified enterprise risk analyst.

            Devenu un fervent défenseur de la civilisation négro-africaine et protecteur de son riche patrimoine, Menkam Tchiago III a pris la résolution de sortir certains pans de notre histoire de leurs sources habituelles pour les ouvrir à tout sorte de publique sans catégorisation intellectuelle et dans un style peu ordinaire. Il s’agit de la reproduction sous fond de marbre des séquences historiques et des valeurs civilisationelles des peuples africains. La Fondation Baare-Tchamba qui abrite cette nouvelle vision artistique africaine est un musée et une bibliothèque à ciel ouvert. Bien que muette devant les analphabètes de cette forme d’écriture qui rejoint évidemment celle de nos alleux, restée pour l’essentiel non déchiffrée et non traduite, les chefs-d’œuvre de Mr Menkam sont à la fois des productions artistiques, des récits historiques et surtout une victoire artistique sur les intempéries devenues un véritable obstacle à l’épanouissement de l’art sculpturale sur bois en Afrique.  

            Il n’y a pas de doute que le parcours de notre auteur qui ne s’est pas contenté de consommer les autres civilisations sans chercher à les comprendre, s’est constitué en une source d’inspiration qui a progressivement aiguisé ses appétits et favorisé un transfert de savoir-faire et de technologie vers l’Afrique. Son séjour en Egypte comme le témoigne la riche collection de la Fondation Baare-Tchamba lui a donné à penser sur la résistance des valeurs patrimoniales anciennes de l’Egypte[1].


Le séjour occidental de notre auteur n’échappe pas lui aussi à son enrichissement et à ce transfert de compétences et de technologie vers l’Afrique. Le marbre est une roche dure qui peut être de différents coloris (blanc, gris, rose, rouge, bleu, noir, vert, marron…).  Et depuis toujours ou presque, les occidentaux ont utilisé cette roche pour faire des sculptures et aussi pour enjoliver les bâtiments les plus importants. Dès l’antiquité, les grecs ont exploité la beauté de cette pierre, tant pour leurs sculptures que pour leurs bâtiments, comme l’Acropole par exemple. Les romains eux, se sont attachés à exploiter. Le célèbre marbre de Carrare est quant à lui la caractéristique du marbre romain. En Belgique, en Wallonie, du côté de Dinant, on peut trouver un marbre noir ou rouge, alors qu’en France, on trouve la serpentine, qui est un marbre vert, exploité dans la région D’Aoste.

Contrairement aux milieux égyptien et occidental connus par leur spécificité reposant sur une pratique sculpturale sur pierre, le milieu Bamileke dans lequel est né et a grandi Monsieur OUELEGA KAMGUE Bell Fanon et dans lequel il explore désormais de nouvelles possibilités d’exploitation de la pierre dans la sculpture, les productions sur bois sont dominantes et constituent même la spécificité de cette région du Cameroun. Les productions sculpturales destinées au pouvoir et aux pratiques rituelles et sacrificielles sont toutes en bois. Ce sont des produits raffinés et très originaux qui expriment le génie créateur et la précision des sculpteurs de la région, comme témoigne ce masque rituel Bamendou appelé tukah.

La composition organique du bois expose ces valeurs à un haut risque de destruction et de dégradation. D’ailleurs les tristes périodes de résistances à la pénétration coloniale et celles des luttes pour l’indépendance ont marqué profondément les chefferies Bamiléké qui ont vu d’importantes valeurs patrimoniales faites en bois disparaitre sous les flammes de la répression coloniale. À côté de ceci, il faut indiquer que nos sociétés traditionnelles n’ont pas encore réussi à développer une véritable politique de conservation des produits jugés hors usage. Cette politique y est encore nouvelle et ne cadre pas avec les habitudes locales. Dès lors qu’un outil n’est plus exploité, il est négligé et abandonné aux affres des intempéries. À côté donc des velléités politiques, les intempéries ont pendant des siècles constituées de véritables obstacles à la pérennité des produits issus de la sculpture sur bois.

Nous pensons que Monsieur OUELEGA KAMGUE Bell Fanon a bien voulu résoudre ce problème en empruntant aux expériences égyptiennes et occidentales. La production et la reproduction des produits de fonte et de sculpture sur fond de marbre est le choix adopté par notre auteur pour porter vers la durée les productions artistiques africaines. Il s’agit pour lui d’une meilleure projection des valeurs patrimoniales africaines sur l’avenir.     

Le siège qui abrite la fondation Baare-Tchamba a été choisi par Bell Fanon pour étaler ses connaissances dans ce domaine. Il s’agit pour lui de sortir l’utilisation du marbre en terre africain de ses habitudes locales qui se résument aux simples décors pour leur donner une nouvelle connotation essentiellement sculpturale et spécifiquement africaine. Bell importe ainsi depuis les États Unis d’Amérique le marbre taillé aux nouvelles technologies et aux formes d’art sculptural africain qu’il fait poser au siège de la fondation Baare-Tchamba sis à Fomopea, arrondissement de Fokoue et département de la Menoua. Les produits posés sur fond de marbre sont minutieusement sélectionnés. Ils sont jusqu’à présent limités à la reproduction des séquences migratoires des peuples qui occupent les Grassfields Camerounais. Les groupes Mboum, Tikar et Baare-Tchamba y occupent une place de choix.

Selon Bell Fanon, il n’est plus question que sa postérité éprouve la même difficulté que lui, à remonter le temps à la recherche de la souche originelle de sa lignée. Ceci est son propos : « Ces productions sont dédiées à l’ensemble de la communauté Grassfields et surtout aux générations futures. Je souhaite leur laisser de quoi retrouver le chemin retour vers leur civilisation originelle à la recherche des repères et des inspirations. Le choix du marbre compte pour sa solidité et sa résistance aux intempéries ».

La fondation Baare-Tchamba devient pour ainsi dire la vitrine d’une forme d’art contemporain africain et désormais orientée vers une approche historico-artistique spécifique à la fondation et propre à son promoteur, Monsieur OUELEGA Bell Fanon.

Quelques productions sculpturales de notre artiste à la fondation Baare-Tchamba

Le guerrier Baare Tchamba
La légende du peuple Tikars
L’iconographie des rois Mboum

Par : Martin Donlefack

Historien des civilisations et des religions

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